Volenti non fit injuria "Celui qui a consenti à l’acte ne peut prétendre en être victime"
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Bonjour,
Aujourd’hui un article sur la crise que nous traversons en commençant par la situation de la ville de Detroit (dans le Michigan, aux États-Unis... vous savez, le pays le plus puissant du monde !).
Une ville de cette importance croule aujourd'hui sous plus de 18 milliards de dollars de dette, ce chiffre n'est pas très parlant, alors voyons concrètement ce que cela signifie : Plus d'éclairage public (c'est presque un bien), plus de ramassage des ordures, la police en sous effectif met près d'une heure avant de pouvoir répondre aux appels d'urgence (résultat évident, la criminalité explose dans la ville), les pompiers ne sont plus assez nombreux pour couvrir la ville, le traitement des eaux usées commence à présenter de grosses lacunes (eau "publique" de moins en moins saine.... se dirige-t-on vers des épidémies de type choléra en plein cœur de la nation la plus riche de la planète ?), la ville a perdu environ la moitié de ses habitants transformant des quartiers entiers en friches insalubres et dangereuses.
Sur les superbes et terrifiantes photographies de Yves Marchand et de Romain Meffre on peut voir l'ampleur de la désolation. Ici le lien vers leur site.
Voici donc ce que le monde pourrait devenir si les problèmes de dettes ne sont pas réglées correctement. Voilà ce que le monde deviendra si le pouvoir économique est laissé aux banques privées (qui spéculent sur cette même dette).
Sur ce blog j'avais décidé d'être plutôt optimiste car comme disait Helen Keller "Aucun pessimiste n’a jamais découvert le secrets des étoiles, navigué jusqu’à des terres inconnues, ou ouvert un nouveau chemin pour l’esprit humain", mais en découvrant ce matin la situation de cette grande et belle cité de Detroit j'ai finalement compris que le monde avait changé plus vite que nous ne l’escomptions.
Nous sommes en fait en chute libre dans un abysse qui ne nous réserve rien de plus qu’un désastre économique, financier, politique et social... qui finit généralement en guerre (civil ou mondiale, ce sera en fonction de ce qui reste d’humanité à nos dirigeants).
La question que nous devons nous poser est celle-ci : A quoi les choses ressembleront lorsque tout s’effondrera ?
Il suffit d’observer ce qu’il se passe à Detroit (aux États Unis c'est la trente huitième ville à se déclarer en faillite) ou en Europe, plus particulièrement en Grèce pour nous faire une idée de ce que l’avenir nous réserve.
Lorsqu’une ville, une région, un gouvernement ne peut plus emprunter, dépenser et redistribuer comme il a l’habitude de le faire, lorsque les institutions deviennent insolvables, lorsque l’économie de consommation s’effondre et que plus personne ne peut trouver d’emploi, de terribles évènements s’ensuivent.
Je ne veux pas hurler avec les loups mais la situation a pris un tournant désastreux et nous mène vers de grands troubles.
Le scénario grec nous montre autre chose à garder en mémoire :
Un effondrement ne se manifeste pas nécessairement en l’espace d’une seule nuit. Il peut se développer avec le temps et endommager l’une après l’autre les facettes d’un système jusqu’à ce qu’il se désintègre complètement... si cela vous rappelle quelque chose c'est normal, nous le vivons ici chaque jour.
Ce qui nous laisse l'espoir d'avoir le temps de nous préparer. Et pour ceux qui pensent que se préparer équivaut à être un "dangereux paranoïaque conspirationniste mettant en péril la démocratie" veuillez regardez ici le site du gouvernement Canadien (que l'on ne peut décemment pas qualifier de "dangereux paranoïaque conspirationniste....") ou bien encore le site du gouvernement... français. (bien plus anxiogène que ce blog, je vous assure, avec en prime cette page que l'on croirait tout droit sorti d'un blog survivaliste !). Les gouvernements se préparent... vous devriez commencer à y penser.
Il y a quelques semaines j'avais comme élève, en formation de photojournalisme, une jeune fille d'origine grecque. Je lui ai posé de nombreuses questions sur la manière dont sa famille s'en sortait... elle fût très surprise de cette question et me répondit sur un ton badin que ses parents et ses grands-parents n’avaient jamais eu aucun souci ! comme si elle entendait parler de la crise de son pays pour la première fois.
Je lui demandais alors si sa famille était riche et elle ne sembla pas comprendre la question... elle finit par me dire que, non, sa famille n'avait jamais eu beaucoup d'argent.
Alors comment faisait la famille de cette jeune fille pour s'en sortir ?
Depuis de nombreuses générations sa famille vivait sur une île assez loin d'Athènes, une île dédiée principalement à l'agriculture et à la pêche avec une pratique séculaire d'entraide communautaire... tout s'éclaira.
La population de cette île n'est absolument pas concernée par la "crise grecque" car ses habitants vivent depuis toujours des ressources de la mer et de la terre et veillent les uns sur les autres. une autre pratique assez intéressante des habitants de cette île c'est qu'il ne possèdent pas ou très peu d'argent à la banque, ils payent tout en espèce (l'abonnement téléphonique, l'électricité et même leurs impôts... oui les grecs payent leurs impôts contrairement à ce que l'on entend régulièrement.)
Quelques réflexions sur la préparation :
Nous avons été habitué à tourner un robinet pour avoir de l'eau "potable" (voir l'article sur l'eau), nous appuyons sur un bouton et nous avons de la lumière, du chauffage, internet, 548 chaînes de télévision, de la musique... et si tout cela disparaissait, non pas de manière brutale, mais progressivement, insidieusement, pour finalement, un jour, n'être plus que le souvenir d'un temps d'opulence et de gaspillage.
Le terrain de chasse de l'être humain, aujourd'hui, se résume à des supermarchés dont les stocks sont entretenus quotidiennement à flux tendu. La moindre rupture dans la chaîne (grève des routiers, pénurie d'essence, troubles sociaux...) peut faire s'effondrer l'approvisionnement. En cas de crise majeure (ou même de rumeur) en moins d'une demie journée votre supermarché sera vidé des denrées de base (riz, pâtes, eau en bouteilles...) vous trouverez certainement encore des écrans plasma et des tablettes tactiles prouvant que l'"animal humain" aura enfin pris conscience de la vraie valeur des choses, mais un peu tard sans doute !
Apprendre à cultiver la terre, avoir un filtre à eau (le meilleur investissement de votre vie), savoir faire du feu (ici l'article sur le feu) , posséder une petite maison loin d'un centre urbain plutôt qu'un appartement en ville, se chauffer au bois... se désengager petit à petit de notre dépendance dramatique aux corporations qui ont privatisées les biens les plus élémentaires (l'énergie, l'eau et bientôt les semences) afin de tenir captive la population et de l'obliger à n'avoir qu'une seule source d'approvisionnement... voici nos armes pour reconquérir notre autonomie, voici notre vote aux prochaines élections car choisir son mode de vie c'est voter.
Le retour à la terre cultivable n'est pas une régression, bien au contraire, mais maintenant que la majorité de la population vit en ville , le paysan (mot qui signifie aujourd'hui pecnot, bouseux , non cultivé - un comble -) est devenu une espèce en voie disparation (je crois que nous perdons 200 exploitations agricoles par semaine en France- soit près de 28 par jour-). A nous de redevenir paysan à notre échelle, à reconquérir les compétences pour être, sinon auto-suffisant, au moins capable de nourrir sainement notre famille.
Il me revient en tête un proverbe africain qui dit : Quel est le meilleur moment pour planter un arbre ? C'était il y a vingt ans, le deuxième meilleur moment c'est aujourd'hui.
La connaissance des plantes médicinales sera également une compétence très utiles lors de l'effondrement progressif de la civilisation telle que nous la connaissons aujourd’hui. Là aussi notre dépendance est totale... les pharmaciens ont par exemple menés une action en justice récemment pour condamner les herboristes et les exclure de l'ordre des pharmaciens... la chimie lourde contre la nature.
Cultiver chez soi quelques plantes médicinales ou apprendre à les reconnaître dans la nature, voilà des compétences fort utiles, gratuites et pouvant nous sauver la vie dans une situation de tension économique et sociale.
Ces savoirs ont permis à l'être humain de survivre pendant plusieurs millénaires, nous les avons juste oubliés (vous trouverez bientôt un herbier médicinale sur ce blog). En attendant voici la page sur les remèdes naturelles de survie.
La Reine des prés contient de l'acide salicylique (la molécule de l'aspirine) efficace contre les douleurs.
Au final, l'idéal, pour ceux qui gouvernent, est de présider sur une population dépendante et centralisée (les citadins), démoralisée (je suis en train d'y participer là, non ?), désinformée (l'illusion de la sur-information est en fait de la désinformation), polarisée, intellectuellement et physiquement incapable de subvenir a ses besoins fondamentaux mais dans le besoin constant, auto-asphyxiée et sans outils pour s'en sortir, comme par exemple les connaissances de premier ordre que nous avons énumérées plus haut.
Pour que ce plan de domination et de contrôle de la population et son maintien dans la dépendance fonctionne, il faut un relai puissant (dont j'ai fait partie pendant plus de dix ans... mea culpa) : Les médias.
Je vous livre ici les réflexions de Noam Chomsky sur les dix stratégies de manipulation à travers le médias, ces stratégies sont mises en œuvre quotidiennement et vous les reconnaîtrez certainement :
1/ La stratégie de la distraction : Élément primordial du contrôle social, la stratégie de la diversion consiste à détourner l’attention du public des problèmes importants et des mutations décidées par les élites politiques et économiques, grâce à un déluge continuel de distractions et d’informations insignifiantes. La stratégie de la diversion est également indispensable pour empêcher le public de s’intéresser aux connaissances essentielles, dans les domaines de la science, de l’économie, de la psychologie, de la neurobiologie, et de la cybernétique. " Garder l’attention du public distraite, loin des véritables problèmes sociaux, captivée par des sujets sans importance réelle. Garder le public occupé, occupé, occupé, sans aucun temps pour penser."
2/ Créer des problèmes, puis offrir des solutions : Cette méthode est aussi appelée « problème-réaction-solution ». On crée d’abord un problème, une « situation » prévue pour susciter une certaine réaction du public, afin que celui-ci soit lui-même demandeur des mesures qu’on souhaite lui faire accepter. Par exemple: laisser se développer la violence urbaine, ou organiser des attentats sanglants, afin que le public soit demandeur de lois sécuritaires au détriment de la liberté. Ou encore : créer une crise économique pour faire accepter comme un mal nécessaire le recul des droits sociaux et le démantèlement des services publics.
3/ La stratégie de la dégradation : Pour faire accepter une mesure inacceptable, il suffit de l’appliquer progressivement, en « dégradé », sur une durée de 10 ans. C’est de cette façon que des conditions socio-économiques radicalement nouvelles (néolibéralisme) ont été imposées durant les années 1980 à 1990. Chômage massif, précarité, flexibilité, délocalisations, salaires n’assurant plus un revenu décent, autant de changements qui auraient provoqué une révolution s’ils avaient été appliqués brutalement.
4/ La stratégie du différé : Une autre façon de faire accepter une décision impopulaire est de la présenter comme « douloureuse mais nécessaire », en obtenant l’accord du public dans le présent pour une application dans le futur. Il est toujours plus facile d’accepter un sacrifice futur qu’un sacrifice immédiat. D’abord parce que l’effort n’est pas à fournir tout de suite. Ensuite parce que le public a toujours tendance à espérer naïvement que « tout ira mieux demain » et que le sacrifice demandé pourra être évité. Enfin, cela laisse du temps au public pour s’habituer à l’idée du changement et l’accepter avec résignation lorsque le moment sera venu.
5/ S’adresser au public comme à des enfants en bas-âge : La plupart des publicités destinées au grand-public utilisent un discours, des arguments, des personnages, et un ton particulièrement infantilisant, souvent proche du débilitant, comme si le spectateur était un enfant en bas-age ou un handicapé mental. Plus on cherchera à tromper le spectateur, plus on adoptera un ton infantilisant. Pourquoi ? « Si on s’adresse à une personne comme si elle était âgée de 12 ans, alors, en raison de la suggestibilité, elle aura, avec une certaine probabilité, une réponse ou une réaction aussi dénuée de sens critique que celles d’une personne de 12 ans »
6/ Faire appel à l’émotionnel plutôt qu’à la réflexion :Technique classique pour court-circuiter l’analyse rationnelle, et donc le sens critique des individus. De plus, l’utilisation du registre émotionnel permet d’ouvrir la porte d’accès à l’inconscient pour y implanter des idées, des désirs, des peurs, des pulsions, ou des comportement.
7/ Maintenir le public dans l’ignorance et la bêtise : Faire en sorte que le public soit incapable de comprendre les technologies et les méthodes utilisées pour son contrôle et son esclavage. "La qualité de l’éducation donnée aux classes inférieures doit être la plus pauvre, de telle sorte que le fossé de l’ignorance qui isole les classes inférieures des classes supérieures soit et demeure incompréhensible par les classes inférieures."
8/ Encourager le public à se complaire dans la médiocrité : Encourager le public à trouver « cool » le fait d’être bête, vulgaire, et inculte (programmes de télé-réalité par exemple).
9/ Remplacer la révolte par la culpabilité : Faire croire à l’individu qu’il est seul responsable de son malheur, à cause de l’insuffisance de son intelligence, de ses capacités, ou de ses efforts. Ainsi, au lieu de se révolter contre le système économique, l’individu s’auto-dévalue et culpabilise, ce qui engendre un état dépressif dont l’un des effets est l’inhibition de l’action. Et sans action, pas de révolution !
10/ Connaître les individus mieux qu’ils ne se connaissent eux-mêmes : Au cours des 50 dernières années, les progrès fulgurants de la science ont creusé un fossé croissant entre les connaissances du public et celles détenues et utilisées par les élites dirigeantes. Grâce à la biologie, la neurobiologie, et la psychologie appliquée, le « système » est parvenu à une connaissance avancée de l’être humain, à la fois physiquement et psychologiquement. Le système en est arrivé à mieux connaître l’individu moyen que celui-ci ne se connaît lui-même. Cela signifie que dans la majorité des cas, le système détient un plus grand contrôle et un plus grand pouvoir sur les individus que les individus eux-mêmes. »
Noam CHOMSKY